
La Bourse de Tunis vient de publier une étude détaillée sur la distribution de dividendes par les sociétés cotées au titre des exercices 2021, 2022 et 2023.
Malgré un contexte économique marqué par l’incertitude, il en ressort que les entreprises tunisiennes ont renforcé leur politique de rémunération des actionnaires. Avec une progression annuelle moyenne de 10,7 % des dividendes servis et une prédominance du secteur financier, contre 7,6 % pour les bénéfices, signe d’un effort de redistribution.
Un calendrier bien huilé
83 % des distributions de dividendes ont lieu entre mai et juillet, avec un délai moyen de paiement de 35 jours suivant l’assemblée générale ordinaire. Le secteur financier se distingue par une efficacité notable avec des délais de versement avoisinant les 26 jours en moyenne.
Trois années, une même constance : le dividende tient bon
Entre 2021 et 2023, les montants versés au titre des dividendes ont bondi de 1 136 à 1 393 millions de dinars tunisiens (MD), soit une progression de 22,6 %. Une croissance qui surpasse celle des bénéfices, eux-mêmes en hausse de 13,3 % sur la même période. En moyenne, le payout ratio – ou taux de distribution – a atteint 54,5 %, dépassant largement les standards d’Euronext (40 % pour le CAC 40).
Un club fermé : 60 % des sociétés cotées versent des dividendes
Malgré une légère baisse du nombre d’entreprises cotées (82 en 2022 contre 78 en 2023), la part des sociétés distributrices de dividendes est restée stable, oscillant autour de 60 %. Notons toutefois qu’environ 18 % des sociétés bénéficiaires ont préféré ne rien distribuer, optant pour la rétention de bénéfices en raison de pertes antérieures, à l’image de la STB, Carthage Cement ou STIP.
Les géants de la finance dominent la répartition
En tête du classement, les établissements bancaires dominent sans partage. La BIAT, Attijari Bank et la SFBT (seule entreprise agroalimentaire dans le top 5) occupent le haut du podium pour les trois exercices. En 2023, ces trois acteurs ont respectivement versé 214 MD, 183 MD et 198 MD à leurs actionnaires. À elles seules, les cinq plus grandes sociétés distributrices – dont AMEN Bank et BT – représentent 55 % du total des dividendes servis.
Des rendements globalement attractifs
Le rendement moyen (dividend yield) a poursuivi sa hausse, atteignant 5,9 % en 2023 contre 5,1 % deux ans plus tôt. Un score qui surclasse ceux d’Abu Dhabi (1,6 %), Riyad (2,3 %) et se rapproche de celui d’Amman (6,7 %). Les secteurs financiers et de consommation offrent les rendements les plus élevés, avec des pointes jusqu’à 13,9 % pour Sotetel en 2021.
CIL, ARTES, City Cars ou encore ATL figurent régulièrement parmi les meilleurs rendements. À l’inverse, des sociétés comme BH Assurance, ONE TECH ou SIAME se classent parmi les plus faibles, malgré une progression régulière.
Des écarts notables selon les entreprises
Si certaines comme Attijari Bank, CIL ou ASTREE ont versé leurs dividendes sous une dizaine de jours, d’autres comme SOTIPAPIER, MONOPRIX ou BEST LEASE ont franchi le seuil réglementaire des 90 jours. En 2023, SIAME a même atteint 96 jours, excédant le délai légal de trois mois.
Une politique régulée, surtout pour les banques
La Banque Centrale de Tunisie (BCT) a durci le ton à partir de 2023, en limitant la distribution des dividendes pour les banques à 35 % des bénéfices, sauf autorisation spéciale et respect de niveaux prudentiels stricts. Ce contrôle n’a pas empêché les poids lourds bancaires de maintenir des taux de distribution élevés : 86 % pour Attijari Bank en 2023, 65 % pour BIAT.
Les champions du payout
Certaines entreprises dépassent même les 100 % de distribution, puisant dans leurs réserves. C’est notamment le cas de TUNINVEST-SICAR ou SOTIPAPIER (avec un taux record de 335 % en 2023). À l’inverse, BH Bank, UIB ou BEST LEASE affichent des taux de payout parmi les plus bas.