Dans un entretien accordé à l’agence TAP, l’économiste Ridha Chkoundali revient sur la baisse brutale des cours du Brent et son impact sur la Tunisie.
Il a rappelé que le budget tunisien pour l’exercice 2025 repose sur une hypothèse de prix du baril fixé à 74 dollars. À ce titre, chaque dollar en moins sur le prix du Brent tout au long de l’année permettrait à l’État de dégager un gain budgétaire estimé à 140 millions de dinars. Si la tendance actuelle se maintient et que le baril reste à 65 dollars, l’excédent pourrait grimper à 1,26 milliard de dinars, sous réserve que les prévisions de croissance soient atteintes.
Un tel scénario renforcerait la capacité du pays à honorer ses engagements extérieurs et à importer les produits de première nécessité, matières premières et équipements industriels. De surcroît, la baisse de la facture énergétique contribuerait à résorber le déficit commercial et à préserver les réserves en devises, avec à la clé un soutien non négligeable pour la stabilité du dinar.
Mais l’embellie a ses limites. Chkoundali met en garde concernant des prix trop bas qui risquent de freiner les investissements dans l’exploration pétrolière.
Certaines entreprises américaines ont déjà prévenu qu’une poursuite de la baisse sous les 65 dollars rendrait leurs opérations de forage non rentables, explique-t-il, soulignant la menace sur la rentabilité de l’ensemble du secteur.
L’expert estime que l’activation du mécanisme d’ajustement automatique des prix des carburants ne serait pas opportune. La Tunisie n’aurait pas intérêt, selon lui, à suivre cette voie à court terme.
Enfin, si Donald Trump met à exécution sa menace d’augmenter les droits de douane après le délai de 90 jours, une nouvelle chute des cours pétroliers pourrait se produire. Ce qui, paradoxalement, accentuerait les tensions économiques à l’échelle mondiale et régionale. Le spectre d’une récession, voire d’une crise plus sévère que celle provoquée par le Covid-19, n’est pas à écarter, a-t-il affirmé.
