
L’Agence Française de Développement (AFD) et le cabinet BearingPoint, viennent de dévoiler les résultats de leur étude sur les industries culturelles et créatives (ICC). Visant à évaluer leur impact économique et à identifier leurs besoins de développement, cette étude analyse 20 pays, mettant en lumière le poids du secteur en termes d’emploi, de revenus et d’économie informelle.
Pour la Tunisie, l’étude s’est concentrée sur la musique et le cinéma, deux piliers de la création locale. Le pays tire de ces industries des revenus à 798 millions de dollars, soit 2 % du PIB, avec un marché générant environ 70 000 emplois. Parmi eux, 19 670 sont occupés par des femmes et 4 630 par des jeunes âgés de 15 à 24 ans.
Le dynamisme du secteur se reflète également dans ses échanges internationaux, avec des exportations culturelles qui s’élèvent à 363 millions de dollars. Toutefois, le poids du secteur informel reste important, représentant un chiffre d’affaires de 287,6 millions de dollars et environ 40 000 emplois.
Le cinéma tunisien peine à se structurer face à des défis multiples : manque de financement, infrastructures limitées, et accès difficile aux marchés étrangers. Le réseau de salles de cinéma s’est considérablement réduit, passant de 100 salles dans les années 1950 à seulement 19 aujourd’hui, soit une pour 666 000 habitants.
Un autre obstacle majeur reste le piratage, qui entraîne une perte de 25 % des revenus du secteur. Malgré des subventions publiques estimées à 950 000 dollars par an, le financement reste insuffisant pour couvrir l’ensemble des besoins de production et de diffusion. En conséquence, les réalisateurs tunisiens s’appuient largement sur des accords de coproduction avec des partenaires étrangers, notamment en France et en Italie.
Avec des revenus projetés à 8,66 millions de dollars pour le streaming musical en 2024 et 890 000 utilisateurs attendus d’ici 2027, la musique tunisienne suit la tendance numérique mondiale. Cependant, le secteur manque d’infrastructures adaptées pour soutenir la production et la diffusion des artistes. Le financement représente un autre frein : la musique en Tunisie repose principalement sur des fonds privés ou ponctuels, tandis que le cadre de protection des droits d’auteur reste fragile.