Bassem Bouguerra : « Intilaq s’est toujours distinguée par son pragmatisme et son efficacité ! »

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Bassem Bouguerra CEO Intilaq

Entretien avec Bassem Bouguerra, CEO d’Intilaq

 

Intilaq, de moins en moins sous le feu des projecteurs, vous privilégiez la discrétion au niveau de votre action ? 

Intilaq s’est toujours distinguée par son pragmatisme et son efficacité dans le financement et l’encadrement des startups tunisiennes. L’investissement au niveau des startups se subdivise en plusieurs étapes. Nous entamons aujourd’hui celle relative à un profond travail sur le fond et la structuration de nos startups. Il s’agit d’une phase qui n’est pas trop médiatisée, mais prochainement nous procéderont à ce qu’on appelle la phase de sortie de nos startups qui se caractérisera par des efforts au niveau de la médiatisation. Son action entame aujourd’hui une phase cruciale revêtant plus d’efficacité et d’agilité. L’idée est de migrer de l’investissement des startups innovantes à un investissement innovant des startups. Cette nouvelle orientation au niveau de l’investissement s’appui essentiellement sur le programme Intilaq Fast Track Investment. Un programme dont la durée ne dépasse pas un mois et qui englobe aussi bien les étapes relatives à la formation et l’encadrement que la mise en œuvre des procédures de financement.

Mis à part la mise en application de ce programme, il faut dire que la politique d’investissement d’Intilaq qui est en cours s’adapte aux besoins du secteur et aux attentes des startups tunisiennes. A un certain moment l’entreprise s’est retirée du financement des startups ayant atteint une certaine phase de développement au profil d’une nouvelle catégorie d’investisseurs qualifiés de « New Players ». Or, la pratique a démontré que ces derniers n’ont pas  su répondre aux besoins du marché. C’est ce qui a incité Intilaq à se réinvestir dans le « Early Stage » en axant sa stratégie sur le développement innovant plutôt que sur l’investissement direct. Cette politique d’intervention fondée sur le développement des startups en « Early Stage » a été également dictée par le nombre élevé des entreprises faisant partie du portefeuille d’Intilaq est par le suivi qui peut s’avérer complexe de leurs activités et de leur développement.

La culture « startup » en Tunisie, un effet de mode ou réel phénomène économique ?

En Tunisie, et d’un point de vue purement technique, une startup est une adaptation inévitable à un changement technologique rapide et en perpétuel développement. Pour faire face à ce changement, les grands groupes ont été contraints soit de lancer leur propre startups soit de chercher à appuyer des startups d’ores et déjà actives sur le marché. Il s’agit de tout un modèle d’adaptation qui a poussé certaines grandes entreprises à devenir des incubateurs de startups. L’objectif était de mettre à profit de ces entreprises l’agilité et la rapidité des startups dans l’objectif de se synchroniser au  développement technologique. Il s’agit par conséquent d’une fatalité qui met fin au mythe selon lequel la multiplication des startups en Tunisie constitue un choix stratégique dans le cadre du développement d’un modèle économique.

Il s’agit par conséquent, d’une fatalité historique ou plutôt d’une stratégie de survie, qui fait que le marché, en dépit du large spectre des startups tunisiennes, stagne et peine à se développer. Pour mener à bien la croissance et le développement des startups en Tunisie, il faut absolument opter pour une approche qualitative et revenir aux fondamentaux. En Tunisie, le marché a besoin de véritables succès stories. Des réussites s’articulant sur les valeurs initiales et primordiales à l’origine de l’émergence des startups, à l’instar de l’agilité, de la rapidité, de la créativité et de l’expérimentation.

Les banques et les startups, ça fonctionne ?

La nouvelle tendance reflétant l’engagement des institutions bancaires et leur engagement auprès des stratups est loin d’illustrer la réalité du secteur en Tunisie. Les financements accordés par les banques tunisiennes ne suffiront pas à alimenter les besoins des startups tunisiennes. On parle de financements qui sont plus adaptés aux PME qu’aux startups. Il s’agit d’investissements qui en dépit de leur inefficacité, demeurent  légitimes car ils s’inscrivent au cœur des business modèle de ces investissements. ça  a toujours été le cas, les startups servent les stratégies de développements d’autres éléments de leur environnements dans pour autant se développer à leur tour. Elles enrichissent sans s’enrichir. Aujourd’hui en Tunisie tout le monde veut être startupeur, tout le monde veut devenir riche grâce aux startups. Ces dernières sont, en effet, à l’origine de la création d’une multitude de produits et services générant des volumes financiers intéressants et une notoriété au profit d’opérateurs économiques bien distincts.

Pour 2019, de nouvelles perspectives ? Un changement stratégique ?

En 2019, Intilaq observera un changement stratégique d’envergure. L’entreprise aspire à investir massivement dans le secteur du e-commerce en Tunisie. Un secteur qui malgré son dynamisme affiché ne dispose toujours pas d’une infrastructure adéquate et adaptée à ses besoins. Intilaq investira ainsi dans  les deux principaux axes de développement du commerce électronique en Tunisie : la logistique et le paiement. 2019 sera l’année de l’installation du e-commerce en Tunisie avec un financement conséquent destiné à l’acquisition de milliers de scooters pour la logistique et le développement de solution de paiement mobile pour le paiement. Il s’agit d’un projet adapté aux besoins du marché en Tunisie et qui fonctionnera en concordance avec les habitudes de consommation de la population tunisienne. On parle d’un projet B to C en bonne et due forme et qui vise principalement à rendre formel l’informel.

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