BAD : Les transferts de fonds, les investissements et l’expertise de la diaspora, vitaux pour la croissance future de l’Afrique

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La BAD

Des centaines de personnalités du monde universitaire et des dirigeants d’institutions internationales venus du monde entier se sont retrouvés, à l’occasion d’un forum de la Banque africaine de développement sur les moyens de mettre les compétences, la richesse et le dynamisme de la diaspora africaine, forte de 160 millions de personnes, au service de la croissance et du développement du continent.

L’événement, qui se déroulait à la fois en présentiel et en visioconférence, se tenait dans un contexte géopolitique difficile, où de forts déséquilibres économiques mondiaux freinent les investissements directs en Afrique et accélèrent les mutations du marché du travail.

Aussi les experts estiment ils que les 95,6 milliards de dollars que les Africains de l’étranger ont transféré sur le continent, outre leurs compétences et leur expertise, revêtent une importance accrue pour les perspectives de l’Afrique.

Les participants se sont accordés sur la nécessité d’œuvrer davantage pour tirer parti de la communauté de la diaspora, l’impliquer et mettre ses atouts au profit de l’Afrique.

Telles sont les principales conclusions de la séance plénière qui s’est tenue jeudi 1er décembre, lors de cet événement de deux jours, intitulé « Développement sans frontières : Mobiliser la diaspora africaine pour une croissance inclusive et un développement durable en Afrique ». Il était organisé par la Banque africaine de développement en partenariat, avec la Commission de l’Union africaine, l’Organisation internationale pour les migrations et le secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine.

Plusieurs thèmes et sujets étaient au programme et ont été débattus, tels que la sécurisation des transferts de fonds, les obligations de la diaspora, la promotion du commerce et de l’investissement, le renforcement de la recherche, de l’innovation et du partage des technologies. La titrisation des transferts de fonds offrirait aux gouvernements africains de solides garanties d’investissement et une source de financement par l’émission d’obligations. Outre les transferts de fonds, les Africains vivant à l’étranger représentent une source d’investissements directs, d’expertise et de compétences capitales, qui peuvent être transférées aux entreprises et aux professionnels de leurs pays d’origine.

La discussion a également porté sur les moyens de rendre la croissance économique plus inclusive, d’approfondir le commerce intracontinental et de préparer les professionnels africains aux emplois de demain.

Dans son allocution d’ouverture, le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, a souligné qu’en dépit de leur réussite à l’étranger, les Africains restent attachés à leur continent d’origine, qui constitue leur identité et une source de fierté. Le développement de l’Afrique doit-il être une priorité pour tous les Africains de la diaspora.

« La diaspora africaine est devenue le plus grand bailleur de fonds de l’Afrique ! Et ce n’est pas de la dette, ce sont des cadeaux ou des dons à 100 %, une nouvelle forme de financement concessionnel qui est la clé de la sécurité des moyens de subsistance pour des millions d’Africains », a-t-il déclaré.

 

En 2021, a contrario des flux importants de transferts de fonds, l’aide publique au développement de l’Afrique s’est chiffrée à 35 milliards de dollars.

Adesina a ajouté : « Parce que le flux de transferts de fonds vers l’Afrique est élevé, en hausse et stable, il offre d’énormes possibilités pour servir de garantie et assurer le financement des économies africaines. Les pays africains devraient titriser les transferts de fonds pour stimuler les investissements, notamment en matière d’infrastructures sur le continent. »

Adesina a insisté pour que les Africains de la diaspora aient le droit de voter aux élections dans leurs pays respectifs. Il a appelé à créer des ministères dédiés aux membres de la diaspora.

« J’implore et j’encourage les gouvernements africains à créer les conditions qui permettent à ceux qui vivent et travaillent à l’étranger de contribuer de manière significative au développement national ou, mieux encore, de ne pas partir du tout », a-t-il déclaré. Dans le seul secteur de la santé, l’Afrique perd 2 milliards de dollars par environ an, du fait de la fuite des cerveaux.

La présidente adjointe de la Commission de l’Union africaine, Mme Monique Nsanzabaganwa, a rappelé que les chefs d’État africains s’étaient engagés à impliquer la diaspora dès 2012, en créant une base de données des professionnels de la diaspora, un institut africain pour les transferts de fonds et un fonds d’investissement de la diaspora africaine – entre autres initiatives.

Wamkele Mene, secrétaire général du secrétariat de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), a déclaré que les transferts de fonds offrent une fenêtre d’opportunité pour le développement de l’Afrique, dans un contexte de déclin des investissements directs étrangers et de l’aide étrangère.

 

Il a évoqué le Système panafricain de paiement et de règlement(le lien est externe), issu d’une collaboration entre la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et le secrétariat de la ZLECAf, qui œuvre avec les banques centrales africaines à mettre en place une infrastructure de marché financier permettant, aux banques commerciales, aux prestataires de services de paiement, aux systèmes de cartes et à d’autres intermédiaires, de gérer les services de paiement et de règlement dans toute l’Afrique. Il a ajouté que la mise en œuvre de la ZLECAf, entrée en vigueur en janvier 2021, faciliterait la tâche aux communautés de la diaspora désireuses d’investir en Afrique.

Le directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations, Antonio Vitorino, a exhorté les pays africains à adopter une approche proactive vis-à-vis de leurs communautés vivant à l’étranger : « Les gouvernements doivent apprendre à connaître leur diaspora ; cela commence par savoir où elle se trouve, quelles sont ses compétences et ses capacités, et dans quelle mesure elle est prête à s’engager dans le développement de son pays d’origine. »

Au-delà des transferts de fonds, Vitorino a indiqué que l’engagement philanthropique et le tourisme étaient des domaines d’intérêt mutuel potentiels pour les gouvernements africains et la diaspora.

Les communautés de la diaspora ont un rôle crucial à jouer pour changer le discours et les perceptions sur l’Afrique : « L’Afrique est le continent le plus ancien, le plus jeune et bientôt le plus grand », a déclaré l’ambassadrice Rama Yade, des centres pour l’Afrique et l’Europe de l’Atlantic Council, basé aux États-Unis.

Selon le conseiller principal pour les partenariats avec la diaspora à l’USAID, Romi Bhatia, les médias occidentaux font encore trop de gros titres sur les maladies, la mort et le désespoir en Afrique, ce qui amène les entreprises américaines à accorder une trop grande importance au risque – réel ou perçu – que présente le continent.

 

« Par conséquent, les entreprises américaines passent à côté d’opportunités de partenariats commerciaux et d’investissement de l’autre côté de l’Atlantique, mutuellement bénéfiques », a-t-il déclaré.

Le commissaire au Commerce et à l’Industrie de l’Union africaine, Albert Muchanga, a abondé dans le même sens : « Si les autres voient que vous investissez en Afrique et que vous générez des rendements élevés, leur perception du risque est susceptible de diminuer ».

Muchanga a également souligné que, si la Zone de libre-échange continentale africaine est essentielle pour approfondir le commerce panafricain, les pays africains doivent également participer au commerce international.

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