Aslan Berejeb : «le Tunisien est devenu peu confiant dans la qualité de l’enseignement public.»

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Entretien avec Aslan Berejeb Founding and Managing Partner chez BERJEBLAWYERS

Le secteur privé de l’éducation en Tunisie connaît une évolution rapide avec des mouvements de concentration et de nombreuses opérations de cession et de rachat  d’établissements scolaires?

Le secteur de l’enseignement privé est l’un des rares secteurs connaissant une croissance constante en cette période de crise. 

Les raisons sont multiples. Pour l’enseignement primaire et secondaire, le Tunisien est devenu peu confiant dans la qualité de l’enseignement public. Les résultats des différents concours (sixième, neuvième et baccalauréat) en sont la parfaite illustration. On peut également ajouter à cela, pour l’enseignement public, des classes surchargées, des méthodes d’enseignement dépassées, des grèves répétées…

Pour l’enseignement supérieur, certes la culture de la supériorité du privé par rapport au public n’a pas encore percé, mais pour certaines filières principalement d’ingénieurs, certaines facultés privées ont pris le pas. Par ailleurs, le pays est devenu une destination pour les africains subsahariens ne pouvant pas se permettre une inscription dans des facultés européennes. 

Cette situation a vu naître plusieurs structures modèles qui ont très vite attiré la convoitise et l’intérêt des mastodontes du secteur mais aussi de groupes multi-secteurs. Ces opérations ont donné lieu à un paysage où certains groupes historiques se sont renforcés et des groupes multidisciplinaires ont vu leurs activités diversifiées. 

À cela s’ajoute un autre modèle économique, celui des franchises des « cartes » anglo-saxonnes et francophones de l’enseignement primaire, secondaire mais aussi supérieur qui constituent un atout commercial pour vendre du rêve aux parents et aux enfants. Ces opérations de franchise s’accompagnent dans plusieurs cas par une prise de participation du franchiseur dans la société cible. 

On  observe dans le même contexte un intérêt  grandissant de fonds d’investissements étrangers pour le secteur de l’enseignement privé en Tunisie?   

La croissance constante du secteur, son fort potentiel, sa résilience et la réglementation permettant l’investissement des étrangers et la libre circulation de leurs capitaux ont incité plusieurs acteurs étrangers à investir dans ce secteur.

Il s’agit principalement de structures d’éducation européennes, de prestigieuses institutions internationales mais aussi des Fonds d’investissements spécialisés domiciliés dans des pays du Golfe. 

Tout cela est-il le prélude à une régionalisation, voire une internationalisation du tissu éducatif privé en Tunisie? 

Je ne pense pas qu’il s’agit d’une régionalisation mais plutôt d’une ouverture à l’international du secteur comme tout autre secteur qui a su attirer des capitaux étrangers. 

Je vois plutôt l’internationalisation d’une autre manière ; celle des grands groupes tunisiens du secteur de l’éducation qui doivent désormais franchir le pas et revoir leurs ambitions en fixant des challenges d’investissements hors de nos frontières principalement dans l’Afrique subsaharienne pour aller vers le prospect et ne plus se limiter à le faire venir en Tunisie.

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