Interview avec Ali Klebi – Président du CA de la CLM et Président de la Fondation Vitalait.
La fondation Vitalait est une association à but non lucratif fondée en 2019 à l’initiative de la centrale laitière de Mahdia «Vitalait» et présidée par M. Ali Klebi
Cette association parrainée par «Vitalait» a bénéficié du soutien de l’ambassade suisse, à travers la Direction de Développement et de la Coopération (DDC), dans le cadre d’un projet de développement de 20 mois visant à aider les petits éleveurs à améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus.
Ali Klebi, président de la fondation, nous a fait part au cours de cette interview des éléments clé de ce projet, des défis auxquels ils ont fait face et des étapes futures.
Quels sont les défis majeurs auxquels sont confrontés les éleveurs tunisiens aujourd’hui et, quelle est la réponse de la Fondation Vitalait ?
Les éleveurs tunisiens font face à plusieurs défis majeurs qui affectent la durabilité et la rentabilité de leur activité. Le coût élevé de l’alimentation animale dû à la hausse des prix des matières premières et le changement climatique constituent des difficultés majeures qui affectent les revenus des éleveurs. A cela s’ajoute le manque d’accompagnement technique et de formation qui limite l’intégration de bonnes pratiques d’élevage.
Pour répondre à ces défis, la Fondation Vitalait met en place un programme pour soutenir les éleveurs. Elle apporte une expertise technique afin d’augmenter la productivité des vaches et d’améliorer les pratiques d’élevage. De plus, elle encourage à adopter des techniques modernes respectueuses du bien-être de l’animal tels que l’installation des ombrières et des abreuvoirs automatiques et facilite l’accès des éleveurs à des équipements adaptés et modernes (irrigation goutte à goutte, panneaux photovoltaïques,…) pour une meilleure gestion de l’eau et de l’énergie. Enfin, la Fondation sensibilise les éleveurs à l’utilisation des rations complètes et des sous-produits de haute valeur nutritive afin de minimiser les coûts de production et d’améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus.
Plusieurs organismes suisses sont venus apporter leur aide à la Fondation, quel est leur apport ? Et, comment s’est passée la collaboration avec l’équipe de la Fondation et les éleveurs ?
Le projet «Appui à la professionnalisation des éleveuses et éleveurs du bassin laitier de Mahdia», initié par le groupe Emmi, a été co-financé par la DDC. Quant à la Haute école des Sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL), outre sa contribution à l’élaboration du projet, elle assure des formations techniques nécessaires qui visent à renforcer les compétences des éleveurs et à améliorer le savoir-faire en techniques d’accompagnement en élevage bovin laitier.
La collaboration avec l’équipe de la Fondation et les éleveurs s’est effectuée de manière participative. Des sessions de formation selon l’approche «École aux champs» ont été organisées afin de répondre aux besoins spécifiques des éleveurs et les aider à trouver des solutions adaptées à leurs conditions. Le suivi et l’accompagnement régulier sur terrain a permis d’adopter de bonnes pratiques d’élevage, alors que l’installation des équipements et la mise en place des infrastructures adéquates a favorisé l’amélioration des conditions de travail et la productivité des vaches.
Pouvez-vous nous parler plus particulièrement du concept de l’École aux champs ?
L’École aux champs est un nouveau concept d’apprentissage suisse testé par la Fondation Vitalait pour former les éleveurs bovins laitiers.
L’École aux champs est une approche participative qui permet de former les éleveurs sur leur lieu de travail.
Son fonctionnement repose sur des sessions de formations menées dans les fermes laitières. Les éleveurs échangent leurs expériences en abordant différentes thématiques tels que l’alimentation animale, l’hygiène de la traite, l’aménagement des étables, les cultures fourragères…
Ces sessions de formation sont organisées par l’équipe de la Fondation Vitalait qui, à son tour, assure le bon déroulement des séances et le renforcement des compétences des éleveurs.
Dans le cadre du présent projet, 420 éleveurs (160 femmes et 260 hommes) ont bénéficié de la formation Ecole aux champs.
Quels ont été les résultats les plus marquants de la Fondation Vitalait cette année ?
L’année 2024 a été une année productive pour la Fondation. Elle a touché environ 978 éleveurs ayant bénéficié de subventions portant sur 9000 balles de foin de luzerne, 17000 balles de foin d’avoine, 1750 tonnes de rations totales et 200 tonnes de sous-produits (drèches d’orge et pulpes de betterave).
Également, durant cette année, la Fondation a aménagé 15 locaux de froid à la ferme et a installé des panneaux photovoltaïques dans 15 exploitations laitières.
Aussi, et afin d’améliorer la qualité bactériologique du lait et l’hygiène de la traite, la Fondation a mis à la disposition des éleveurs 4 techniciens et techniciennes d’entretien des machines à traire. Durant cette année, environ 2500 actes d’entretien ont été réalisés.
Ce projet a certes eu des résultats économiques mais il a également un impact social auprès des familles des éleveurs. Pouvez-vous nous en parler ?
Les sessions de formation organisées dans le cadre du projet ont permis d’acquérir des compétences réelles en élevage bovin laitier ce qui favorise la durabilité de l’activité et la confiance en soi. Nous encourageons aussi la création de réseaux entre les éleveurs afin d’échanger les bonnes pratiques.
De même, une meilleure gestion de l’eau et de l’alimentation animale permet de rendre le travail moins pénible, contribuant ainsi à l’amélioration du bien-être des éleveurs. Nous soutenons également 13 associations à caractère social et 3 écoles primaires de la région.
Quels sont les projets futurs de la Fondation Vitalait pour continuer à moderniser le secteur laitier en Tunisie ?
Vu l’intérêt croissant des éleveurs aux différentes activités de la Fondation, nous envisageons dans le futur de développer et diversifier nos actions et d’en faire profiter un plus grand nombre d’éleveurs. Nous aimerions également mettre en place un centre de formation en matière de conduite des vaches laitières avec un petit élevage pilote qui servira de modèle et bénéficiera à toute la communauté d’éleveurs.
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