Interview avec Ahlem Bel Hadj Ammar, Présidente de la CCITNCH.
Quels sont les secteurs les plus propices à l’innovation et comment favoriser les synergies entre les deux pays ?
La Suisse, régulièrement classée parmi les pays les plus innovants au monde selon l’Indice mondial de l’innovation, se distingue par son excellence en recherche et développement, son écosystème dynamique réunissant universités, entreprises et start-ups, ainsi que son cadre réglementaire favorable. Des secteurs tels que la pharmacie, la haute technologie et l’ingénierie illustrent son leadership mondial. De son côté, la Tunisie, avec son potentiel croissant dans des domaines comme les technologies de l’information, les énergies renouvelables, l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire, représente un terreau fertile pour des synergies avec la Suisse.
C’est dans cet esprit de collaboration et de partage d’expertise que la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Suisse (CCITNCH) s’engage pleinement. Afin de favoriser les échanges concrets et renforcer ces synergies, nous organiserons au mois de novembre, à Genève, une rencontre B2B dans le cadre du Market Focus Tunisia. Cet événement s’inscrit dans une mission économique et un forum sectoriel dédiés à promouvoir la Tunisie tout en créant des opportunités tangibles de collaboration dans les secteurs de l’innovation et des technologies de l’information.
Quels mécanismes existent pour soutenir l’innovation et la transformation numérique ?
La Tunisie met en place plusieurs mécanismes pour soutenir l’innovation et la transformation numérique, combinant initiatives publiques et privées. Des dispositifs tels que la Startup Act offrent aux jeunes entrepreneurs un accès à des financements et un accompagnement pour leur développement, facilitant ainsi l’émergence de projets innovants dans des secteurs clés.
La Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Suisse (CCITNCH) joue un rôle majeur dans la facilitation des partenariats entre les entreprises tunisiennes et des acteurs internationaux. Ces partenariats permettent le transfert de technologies et d’expertises, stimulant ainsi la transformation numérique et le développement des entreprises tunisiennes. En outre, la CCITNCH soutient l’accès aux ressources et aux expertises nécessaires pour renforcer les capacités locales en matière d’innovation numérique et de technologies avancées.
Aujourd’hui, la CCITNCH compte parmi ses membres une startup tuniso-suisse spécialisée dans l’intelligence artificielle, qui œuvre actuellement en Suisse et commence à se développer sur le marché tunisien. Cela contribue au renforcement des échanges technologiques et au dynamisme de la transformation numérique en Tunisie.
Comment les startups et entreprises tunisiennes peuvent-elles bénéficier de l’expertise suisse en matière de R&D et de transfert de technologie ?
Les entreprises tunisiennes peuvent développer des partenariats avec des entreprises suisses, notamment dans les secteurs technologiques et industriels, facilitant ainsi le transfert de savoir-faire et l’accès à des technologies avancées.
Actuellement, la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Suisse compte parmi ses membres des startups spécialisées en intelligence artificielle, et favorise les échanges commerciaux bilatéraux entre les deux pays.
Quels programmes de formation ou d’échange avez-vous mis en place pour renforcer les compétences des entrepreneurs tunisiens en matière de durabilité ?
La Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Suisse a lancé cette année un programme de formation dédié à la durabilité. Ce programme a débuté en février en partenariat avec la plateforme de e-learning GroupadoPro.
La première formation portait sur l’empreinte et le bilan carbone. Structurée en cinq modules, elle a été animée par quatre formateurs spécialisés, dont des experts internationaux reconnus pour leur travail dans les énergies renouvelables, la durabilité, l’économie circulaire et la gestion du bilan carbone. Une dizaine de participants ont suivi cette formation avec succès et obtenu leur certification.
Par ailleurs, en novembre dernier, nous avons organisé une table ronde réunissant des experts internationaux pour discuter de l’économie verte, des énergies renouvelables et des enjeux de durabilité en Tunisie.
À travers ces initiatives, notre objectif est d’accompagner les entreprises membres de la CCITNCH dans leur transition vers des pratiques plus durables et de les préparer à l’entrée en vigueur de la taxe carbone en janvier 2026.
Dans le cadre des accords bilatéraux entre la Tunisie et la Suisse, la Fondation KliK soutient le développement d’investissements climatiques en Tunisie en promouvant des projets à fort potentiel d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Ces initiatives contribuent à la décarbonation de l’économie tunisienne et au financement de sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) à l’horizon 2030.
Quels sont les exemples de collaborations réussies que vous avez scellées récemment ? Au cours des deux dernières années, la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Suisse (CCITNCH) a initié et renforcé plusieurs collaborations notables :
1- Partenariat avec GroupadoPro : En collaboration avec le GroupadoPro Centre de Formation, la CCITNCH a lancé un Bootcamp axé sur la décarbonation, visant à former les professionnels tunisiens aux pratiques durables et aux stratégies de réduction des émissions de carbone.
2- Soutien à l’association HandiSuccess : La CCITNCH a signé une convention avec HandiSuccess pour promouvoir l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le milieu professionnel, en partenariat avec les entreprises suisses présentes en Tunisie.
3- Accords de coopération en cours : Deux accords de coopération ont déjà été établis, et des conventions supplémentaires sont en cours de finalisation avec des partenaires institutionnels.
4- Promotion de l’entrepreneuriat féminin : La CCITNCH collabore avec The Next Women et le Conseil International des Femmes Entrepreneurs (CIFE) pour soutenir et encourager les initiatives entrepreneuriales féminines à travers les différentes régions de la Tunisie.
5- Collaboration avec Swisscontact : La CCITNCH collabore avec Swisscontact pour leur programme PERSPECTIVES, qui soutient le développement économique et social de la Tunisie à travers trois axes : l’engagement de la diaspora tunisienne dans des projets locaux, l’encouragement à la mobilité internationale des jeunes professionnels tunisiens, et le soutien à l’entrepreneuriat. Ce programme, financé par la DDC et le SEM et mis en œuvre avec le ministère tunisien de l’Emploi et de la Formation professionnelle, permet aux jeunes Tunisiens et Tunisiennes d’acquérir des compétences professionnelles à l’international, tout en contribuant à l’innovation locale.
6- Actions sociales : La CCITNCH s’engage également dans des actions sociales pour soutenir diverses associations, notamment IBSAR, l’association pour les personnes mal et non-voyantes. Un exemple concret est la levée de fonds organisée lors de la projection du film *Les Filles d’Olfa* l’année dernière, une initiative qui a permis de soutenir cette cause importante.
7- La CCITNCH s’est engagée également pour une deuxième initiative sociale, menée en faveur de l’association Halim, un centre de formation pour les personnes autistes. Dans ce cadre, une levée de fonds a été organisée pour soutenir leurs activités, et un dîner ramadanesque a été préparé par les jeunes autistes du centre. Cet événement a également pris la forme d’un dîner dans le noir, en clin d’œil à la vice-présidente d’IBSAR, Besma Essoussi, qui a fortement œuvré à la réussite de ce dîner en sensibilisant ainsi les participants aux réalités des personnes non et malvoyantes.
8- Signature d’une convention avec la TIA : La CCITNCH a signé une convention avec la Tunisia Investment Authority (TIA) pour promouvoir l’investissement en Tunisie. Cette instance joue un rôle de facilitateur et d’accompagnateur pour les investisseurs étrangers, notamment suisses, souhaitant s’installer en Tunisie. Cette collaboration vise à travailler en amont et à faciliter le processus d’investissement, en vue d’attirer davantage d’investisseurs suisses sur le marché tunisien.
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