
Selon une étude récente de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), l’hébergement alternatif en Tunisie affiche une croissance dynamique, bien que le secteur touristique reste principalement axé sur le modèle balnéaire.
Ce segment émergent répond à une évolution de la demande et pourrait, s’il était mieux structuré, diversifier l’économie touristique, stimuler le développement régional et générer de nouveaux emplois, estime l’IACE.
Le marché actuel, encore largement informel, compte entre 700 et 1 000 maisons d’hôtes. En y ajoutant les locations meublées, le parc total approche les 2 000 unités. Cependant, moins de 10 % de ces structures disposent d’un agrément officiel.
Cette informalité persistante s’explique par un cadre réglementaire inadapté, hérité de l’hôtellerie traditionnelle, des démarches administratives complexes et longues, et un manque d’accompagnement technique et financier pour les opérateurs, particulièrement dans les régions de l’intérieur. Ce décalage entre la réalité du terrain et la reconnaissance institutionnelle freine les investissements, limite l’accès au financement et exclut ces hébergements des circuits touristiques officiels, explique le rapport.
L’IACE estime que le potentiel économique de ce segment est considérable. Les recettes annuelles générées par les maisons d’hôtes et l’hébergement rural pourraient atteindre 1,31 milliard de dinars à l’horizon 2030, contre 0,62 milliard prévu pour 2025.
Un tel développement présenterait plusieurs avantages structurels dont une désaisonnalisation de l’activité touristique, une dynamisation des économies locales dans des zones peu touchées par le tourisme de masse, et une meilleure valorisation du patrimoine culturel et naturel. Cette filière renforcerait également l’ancrage territorial en soutenant l’entrepreneuriat local, notamment celui des jeunes et des femmes. Dans un contexte de forte concurrence régionale et de vulnérabilité aux chocs externes, cette diversification apparaît comme un impératif pour accroître la résilience du secteur touristique tunisien.
Conscient de ces enjeux, le ministère du Tourisme a engagé une révision des cahiers des charges applicables aux maisons d’hôtes, gîtes ruraux, campings et motels. Cette réforme vise à clarifier les conditions d’exploitation, simplifier les procédures d’agrément et renforcer les normes de qualité et de sécurité. Pour maximiser son impact, elle devrait s’accompagner de plusieurs mesures complémentaires. L’IACE préconise ainsi la création d’un cadre réglementaire spécifique, distinct de celui de l’hôtellerie classique, et coconstruit avec les professionnels. La simplification et la digitalisation des démarches administratives, via des guichets uniques, encourageraient la formalisation des structures existantes.
La mise en place d’une plateforme nationale répertoriant les hébergements agréés améliorerait leur visibilité commerciale et garantirait une certaine transparence pour les clients. Parallèlement, des programmes de formation en gestion et en marketing digital, couplés à un meilleur accès aux financements, renforceraient les capacités des opérateurs. Intégrer ces hébergements dans les stratégies de promotion nationale et les circuits des tour-opérateurs serait également crucial. Enfin, l’instauration d’un dispositif de suivi, fondé sur des données statistiques fiables, permettrait d’évaluer la performance du secteur et d’orienter les décisions publiques et privées, recommande l’IACE.