La Bourse de Tunis vient de publier son tout premier rapport Environnement, Social et Gouvernance (ESG) pour l’exercice 2024.
En 2021, elle avait déjà publié un guide de reporting ESG, en collaboration avec le Conseil du Marché Financier (CMF). Trois ans plus tard, elle applique désormais à elle-même les préceptes qu’elle recommande aux sociétés cotées.
Cette démarche, qui s’inscrit dans la continuité de son adhésion à l’Initiative des Bourses Durables (Sustainable Stock Exchanges – SSE) des Nations unies depuis 2015, consacre l’ambition de l’institution à se positionner en véritable locomotive de la responsabilité sociétale dans le paysage financier national.
Aligné sur les standards internationaux tels que le Global Reporting Initiative (GRI) et les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, ce rapport reflète une démarche volontaire de transparence extra-financière, dans un contexte local où cette dynamique prend de plus en plus d’ampleur.
ESG : quatre piliers pour structurer l’engagement
La stratégie ESG de la Bourse de Tunis repose sur quatre axes principaux :
Agir comme employeur responsable, avec des efforts marqués sur la diversité, l’égalité des chances et le bien-être au travail.
Promouvoir l’éthique et la gouvernance, notamment à travers une triple certification ISO (22301, 27001, 20000-1), la lutte contre la corruption et la protection des données personnelles.
Stimuler un développement économique durable, à travers des programmes de formation, le soutien à l’inclusion financière et la promotion de la finance verte.
Préserver l’environnement, par des actions concrètes sur l’efficacité énergétique, la gestion des déchets et la sensibilisation au changement climatique.
Une gouvernance féminisée et engagée
À la tête de son conseil d’administration, on retrouve Sonia Ben Frej, première femme à occuper ce poste depuis la création de l’institution. Un symbole de la féminisation croissante au sein de l’écosystème financier, renforcé par la présence de 43 % de femmes dans les postes d’encadrement. Côté effectifs, 40 % des collaborateurs sont des femmes. La majorité des contrats sont à durée indéterminée, avec une ancienneté moyenne de 15 ans et 90 % des employés bénéficiant d’horaires flexibles.
Des actions concrètes et chiffrées
Parmi les initiatives phares, le programme « TakeOff-RH » pour la gestion des carrières, un plan d’épargne retraite pour les employés de plus de 50 ans, ainsi qu’un baromètre social interne et plusieurs mesures d’amélioration du cadre de travail.
Sur le plan institutionnel, la Bourse a organisé 90 conférences dans les universités en 2024, formé plus de 1 600 avocats depuis 2013, et soutenu une première cohorte de 15 entreprises cotées dans leur démarche RSE, avec l’appui de la SFI (groupe Banque Mondiale).
Côté marché, le programme « myinvestia », jeu de simulation boursière, a attiré plus de 24 500 inscrits en 12 éditions. En parallèle, le portail Investia Academy se dote de nouvelles capsules pédagogiques sur la finance durable.
Une dynamique régionale et internationale
La Bourse de Tunis est également membre actif de la World Federation of Exchanges (WFE), de l’African Securities Exchanges Association (ASEA) et de l’Arab Federation of Capital Markets (AFCM). Elle accueillera d’ailleurs la conférence annuelle de cette dernière en mai 2025 à Tunis, avec un focus annoncé sur la finance durable.
Vers une régulation accélérée
La publication de ce rapport ESG 2024 intervient dans un contexte tunisien où les initiatives de reporting extra-financier se multiplient. Face à cette dynamique, la Bourse appelle à une accélération de l’évolution réglementaire afin de mieux encadrer et accompagner ces pratiques émergentes.
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