Tunisie – BEI : 20 ans de présence, 7 milliards d’euros d’engagements

0
130

Jean-Luc Revéreault, représentant de la Banque européenne d’investissement (BEI) à Tunis, commenté ce lundi 5 mai 2025 la visite officielle en Tunisie du vice-président de l’institution, effectuée les 28 et 29 avril derniers.

S’exprimant sur les ondes d’Express FM, il a souligné que cette mission de haut niveau a donné lieu à une série d’échanges avec plusieurs membres du gouvernement tunisien, et à la signature de nouveaux accords de financement et de subventions, appuyés par l’Union européenne (UE).

À cet égard, de nouvelles rencontres de haut niveau sont attendues. La venue imminente du directeur général pour la région MENA et du Golfe à la Commission européenne, ainsi que celle de la commissaire européenne en charge de la même région.

Investissements dans l’eau : un enjeu stratégique

Au cœur des annonces figure la conclusion d’un accord de financement d’un montant global de 30 millions d’euros, conclu entre le ministère tunisien de l’Économie et de la Planification et la BEI, avec l’appui financier de l’UE. Réparti en 22 millions d’euros en faveur de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) et 8 millions destinés à l’État tunisien, ce financement bénéficie de conditions dont un remboursement sur 30 ans, assorti d’un délai de grâce de 6 ans.

Le secteur de l’eau constitue un axe prioritaire pour les autorités tunisiennes comme pour leurs partenaires internationaux. Jean-Luc Revéreault a rappelé que l’objectif central restait l’accès équitable à l’eau potable, le renforcement de l’irrigation, et la valorisation des eaux usées traitées.

Dans cette optique, une subvention de 15 000 euros a été octroyée à l’Office national de l’assainissement (ONAS) pour développer des solutions de traitement naturel des eaux usées, évitant le recours aux produits chimiques. À moyen terme, Tunis ambitionne de dépasser les 50 % de réutilisation des eaux traitées, notamment dans les usages agricoles et industriels.

Le représentant de la BEI a insisté sur la viabilité économique et technique des projets financés, évoquant un taux de couverture allant jusqu’à 50 % des coûts, sous réserve de la présentation de données complètes. Une enveloppe additionnelle de 5 millions d’euros a également été consacrée à la réalisation d’études techniques, préalables indispensables à la mise en œuvre de projets publics jugés prioritaires.

Energies renouvelables et stockage

Dans le domaine énergétique, la BEI soutient la Tunisie dans son objectif d’atteindre 35 % d’énergies renouvelables d’ici à 2030. Un accompagnement technique est prévu pour des projets tels que la modernisation du réseau ferroviaire ou encore les infrastructures de stockage énergétique.

L’un des projets phares à l’étude concerne la construction d’une station de pompage-turbinage à Tabarka. Ce système permettrait de stocker l’électricité sous forme d’énergie hydraulique, en pompant de l’eau à des moments de faible demande, pour ensuite produire de l’électricité selon les besoins du réseau. Une enveloppe de 1,5 million d’euros est d’ores et déjà prévue pour financer l’étude d’impact environnemental de ce projet.

Revéreault a rappelé qu’en 2024, la BEI avait déboursé quelque 300 millions d’euros en Tunisie. La priorité, selon lui, demeure l’achèvement des projets engagés, avec des avancées notables dans plusieurs secteurs. Il a également insisté sur l’importance pour les autorités tunisiennes de définir une feuille de route claire en matière d’investissements, tout en soulignant que l’efficacité énergétique ne se limite pas à la production de sources vertes, mais implique également la réduction de la consommation – un chantier encore largement ouvert.

Soutenir aussi le secteur privé

Parallèlement au soutien institutionnel, la BEI continue d’appuyer le secteur privé. L’un des grands défis identifiés est la réduction des pertes sur les réseaux hydrauliques, estimées à 30 %. Le soutien s’adresse aussi bien aux institutions publiques qu’aux entreprises privées. Ainsi, en 2024, un prêt de 160 millions d’euros a été mis à disposition des PME tunisiennes, via un mécanisme de sélection bancaire encadré par la Banque Centrale de Tunisie (BCT). L’institution soutient également des initiatives dans le cadre de partenariats public-privé (PPP), à l’instar de l’aéroport d’Enfidha ou du pôle technologique « Novation City » à Sousse.

Un partenariat de 20 ans

L’année 2025 marque le 20ème anniversaire de l’ouverture du bureau de la BEI à Tunis, bien que la coopération avec la Tunisie remonte à plus de quatre décennies. Depuis son implantation, la banque a investi plus de 7 milliards d’euros dans le pays, dont plus de 4 milliards au cours des dix dernières années.

 

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here