Comment relancer le secteur du phosphate en Tunisie ?

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Les membres de la commission des secteurs productifs du Conseil national des régions et des districts (CNRD) se sont réunis pour aborder les enjeux logistiques entourant le transport du phosphate vers les unités de transformation et d’exportation.

Cette séance de travail, supervisée par Imed Derbali, président du Conseil des régions et des gouvernorats, a rassemblé des acteurs clés du secteur, dont Abdelkader Amaydi, PDG de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), et Najah Cherif, directrice générale des mines au ministère de l’Industrie.

Au cours des échanges, les participants ont passé en revue l’efficacité opérationnelle des différentes étapes de la production et du transport du phosphate, afin d’identifier les leviers pour améliorer la gouvernance du secteur et optimiser les coûts.

Abdelkader Amaydi et Najah Cherif ont détaillé les plans de développement de la production de phosphate, ainsi que la stratégie de la CPG à l’horizon 2030. Ils ont également exposé la vision de l’État en matière de réforme et de modernisation du secteur, mettant l’accent sur une gouvernance renforcée et des programmes de développement ambitieux.

Les discussions ont notamment porté sur les moyens de rendre le secteur plus durable, en intégrant des techniques de production modernes, moins coûteuses et à faible impact environnemental. Les participants ont également exploré les opportunités de partenariats et d’investissements pour dynamiser le secteur. Parmi les sujets abordés figuraient également les défis liés au transport, les enjeux environnementaux, ainsi que les problématiques sociales, notamment la transparence des recrutements et le rôle social de la CPG.

En 2024, la CPG a enregistré une légère progression, portant sa production à 3,03 millions de tonnes contre 2,9 millions l’année précédente. Avec une moyenne mensuelle de 250 000 tonnes, l’entreprise amorce une reprise, après plusieurs années de crise. Dans cette dynamique, la CPG s’est fixé un objectif de 5 millions de tonnes pour 2025. Pour y parvenir, elle mise sur des investissements dans les infrastructures, l’optimisation des chaînes de production et la diversification des marchés.

De son côté, le gouvernement s’est fixé pour objectif de porter la production de phosphate à 14 millions de tonnes d’ici 2030.

Malgré ces avancées, plusieurs défis persistent. Les mouvements sociaux et les grèves pèsent lourdement sur la production. La concurrence avec des acteurs majeurs comme le Maroc, qui bénéficie d’une infrastructure logistique plus performante, complique également la position tunisienne sur le marché mondial.

Par ailleurs, la gestion des ressources en eau demeure une préoccupation majeure. La mesure d’utilisation des eaux usées traitées pour le lavage du phosphate, a été critiqué par certains experts, soulignant que cette solution ne suffira pas, la CPG ayant un besoin quotidien de 50 000 mètres cubes d’eau, alors que la capacité actuelle des stations d’épuration du bassin minier ne dépasse pas 11 000 mètres cubes.

L’état des infrastructures et la gouvernance du secteur devront être réformés en profondeur pour assurer la viabilité à long terme de l’industrie.

En 2010, la Tunisie produisait 8,1 millions de tonnes de phosphate, un record. Mais dès 2011, la production a chuté à 2,4 millions de tonnes, une baisse drastique de 70 % due aux troubles sociaux. Depuis, les volumes oscillent entre 2,4 et 4,4 millions de tonnes, sans retrouver les performances d’antan.

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