
MAC SA vient de publier un rapport approfondi intitulé « 2025 : Une année charnière pour la Tunisie », mettant en lumière les principaux indicateurs économiques de l’année 2024 et les perspectives pour 2025.
Malgré un contexte économique difficile marqué par des incertitudes macroéconomiques et géopolitiques, la bourse de Tunis a su préserver son rôle de baromètre de l’économie nationale, offrant des opportunités d’investissement intéressantes dans un environnement volatile, souligne MAC SA.
En 2024, la place financière tunisienne a ainsi poursuivi sur sa lancée, enregistrant une progression significative pour la quatrième année consécutive. Le Tunindex, principal indice de la bourse de Tunis, a réalisé une hausse annuelle de 13,75 %, un bilan positif malgré des défis structurels pesant sur l’économie nationale.
Une dynamique haussière
Le Tunindex a atteint son point le plus bas le 12 février avec 8 310,71 points, avant de rebondir fortement pour atteindre un sommet historique de 9 991,55 points le 1er octobre. Ce redressement a été soutenu par des résultats solides des entreprises cotées, en particulier les banques et le secteur agroalimentaire, dont les bénéfices ont progressé respectivement de 8,5 % et 32 %. Le marché a clôturé à 9 953,71 points, soutenu par 52 hausses contre 22 baisses dans les cours des actions. La capitalisation boursière a également augmenté de 8,2 %, atteignant 26,46 milliards de dinars à fin décembre 2024, malgré l’absence d’introductions en bourse et la radiation de quatre entreprises.
Une attractivité limitée pour les investisseurs étrangers
La faible croissance économique et les baisses successives de la note souveraine tunisienne ont pesé sur l’intérêt des investisseurs étrangers. Leur solde net d’investissement reste négatif (-95,7 millions de dinars), reflétant un manque de confiance envers le marché local.
Quelles perspectives pour 2025 à la Bourse de Tunis ?
Après quatre années consécutives de hausse, la Bourse de Tunis aborde 2025 sous pression, dans un contexte économique tunisien complexe. Selon MAC SA, l’économie fait face à des défis majeurs, notamment une faible croissance économique, des taux d’intérêt élevés et un manque d’investissements. La révision du barème de l’impôt sur les sociétés (IS) et l’augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) risquent de réduire les marges bénéficiaires des entreprises. Par ailleurs, le maintien d’une politique monétaire restrictive, avec un taux directeur de 8 % par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), continue de favoriser les placements obligataires, les rendements obligataires (9,8 %) restant supérieurs à ceux du marché actions (5,5 % en 2024).
Opportunités sectorielles en 2025
Bien que la conjoncture reste complexe, certains secteurs présentent des perspectives intéressantes :
Banques : Malgré le ralentissement de la demande en crédits, les banques disposent de liquidités importantes, ce qui pourrait stabiliser leurs revenus et réduire leur exposition au risque.
Leasing : Le manque d’intérêt des banques pour les PME pousse les leaseurs à croître, bien que cette expansion expose à des risques supplémentaires.
Assurances : Ce secteur reste stable, bénéficiant de taux de placements attractifs et d’une croissance continue.
Sociétés exportatrices : Face au fléchissement de la demande en zone euro, ces entreprises mettent l’accent sur la diversification géographique pour réduire leur dépendance aux marchés traditionnels.
Sociétés non financières : Bien que la baisse des coûts des matières premières en 2024 ait amélioré leurs marges, les coûts de financement élevés freinent les investissements dans des projets créateurs de valeur.
Dans ce contexte, MAC SA préconise une approche sélective en 2025, avec un portefeuille équilibré par secteur et des valeurs répondant à trois critères fondamentaux, dont la croissance des bénéfices, une distribution régulière des dividendes et une solidité bilancielle.
Portefeuille 2025
Le portefeuille d’investissement recommandé par MAC SA pour 2025 repose sur une sélection rigoureuse d’entreprises tunisiennes, mises en avant pour leur résilience, leur croissance et leur capacité à générer un rendement attractif dans un contexte économique incertain. Dans le secteur bancaire, Amen Bank, avec une capitalisation boursière de 1 298,67 millions de dinars (TND) et un rendement dividende de 8,70 %, se distingue grâce à sa solidité financière et à sa position de troisième banque privée tunisienne, bien qu’elle reste exposée à un ralentissement des crédits et à une réglementation stricte de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). De son côté, BIAT, leader incontesté du secteur, affiche une capitalisation de 4 035,12 millions de TND et bénéficie de performances récurrentes, même si les contraintes réglementaires et le faible appétit pour les crédits pèsent sur ses perspectives. Tunisie Leasing & Factoring, avec une capitalisation de 194,40 millions de TND et un rendement de 6,10 %, occupe une position de leader dans le leasing, bien que ses marges soient affectées par la hausse des coûts et l’évolution défavorable du dinar. Hannibal Lease complète cette catégorie avec un portefeuille client robuste et un rendement dividende de 5,50 %, mais souffre de la hausse des coûts des équipements et de sa dépendance aux importations.
Dans le secteur de la consommation, SAH (Lilas) reste un acteur phare, affichant une capitalisation de 844,36 millions de TND et un rendement de 3,50 %, grâce à sa diversification régionale et à son optimisation énergétique. Cependant, elle reste vulnérable aux fluctuations des matières premières et à une baisse du pouvoir d’achat. SFBT, acteur incontournable des boissons, se distingue avec une capitalisation de 3 147,79 millions de TND et un rendement de 6,30 %, grâce à sa solidité financière et à sa politique généreuse de dividendes, bien que sa dépendance aux importations et aux devises demeure un défi. Délice Holding, leader des produits laitiers, affiche une capitalisation de 947,15 millions de TND et un rendement de 5,80 %. Sa structure financière solide et son innovation constante en font un choix attractif, malgré les perturbations dans l’approvisionnement et les défis liés au pouvoir d’achat des ménages.
Dans le secteur industriel et de l’export, One Tech Holding (735,66 millions de TND de capitalisation) s’appuie sur la rationalisation de son mix-produits pour améliorer ses marges, bien qu’elle soit exposée à la baisse de la demande européenne et au risque de change. SOTUVER, avec une capitalisation de 502,46 millions de TND et un rendement de 4,30 %, se renforce grâce à une capacité de production doublée et à des revenus export représentant 75 % de son activité, tout en faisant face à des hausses de coûts énergétiques et logistiques. Carthage Cement, leader du ciment en Tunisie, affiche une capitalisation de 773,16 millions de TND et une rentabilité croissante grâce à une stratégie axée sur l’exportation et à des certifications internationales, bien que la demande intérieure limitée et la dépendance aux cours de l’énergie demeurent préoccupantes. TPR (Tunisie Profilés Aluminium), fort d’une capitalisation de 335 millions de TND et d’un rendement de 6 %, capitalise sur sa présence sur les marchés européens, bien qu’il souffre de la concurrence des produits importés et de la hausse des matières premières.
Enfin, PGH, avec une capitalisation de 1 548,03 millions de TND et un rendement de 4,20 %, se distingue par sa diversification dans les secteurs de l’agroalimentaire et des énergies renouvelables, bien que les fluctuations des matières premières pèsent sur ses performances. Dans le secteur des assurances, Maghrebia Vie (152,50 millions de TND de capitalisation) reste un leader en assurance de personnes, avec une solvabilité exceptionnelle, bien qu’elle soit impactée par une faible liquidité et une sensibilité au pouvoir d’achat des consommateurs.