Née d’une forte volonté citoyenne de créer des villes intelligentes répondant aux critères écologiques et économiques, la caravane nationale des villes intelligentes et durables « Tunisian Smart Cities » constitue une véritable opportunité pour embarquer le train des nouvelles technologies et faire de nos villes des endroits où il fait bon vivre.
Son action est axée sur la sensibilisation des composantes de la société civile et toutes les parties prenantes dans les régions sur l’importance des nouvelles technologies pour bâtir des villes innovantes capables de percevoir et penser, anticiper et s’adapter aux changements en cours et créer de nouveaux services en utilisant les technologies numériques.
Son but majeur est d’améliorer la qualité de vie du citoyen et satisfaire les attentes des générations présentes et futures en ce qui concerne les aspects économique, social, environnemental mais aussi culturel.
Un départ symbolique…
Après le succès qu’a connu la première tournée qui s’est déroulée du 24 avril au 1er mai 2019, la caravane nationale des villes intelligentes et durables reprend la route pour une deuxième tournée qui a sillonné, en 9 jours (du 27 juin au 5 juillet 2019), 15 villes du nord au sud et d’est à l’ouest du territoire tunisien. Le coup de départ a été donné officiellement jeudi 27 juin 2019 au Club nautique Les Berges du Lac, un départ symbolique depuis le premier périmètre smart city en Tunisie développé par la SPLT (Société de promotion du lac de Tunis).
Une conférence de presse a été tenue en présence de Besma Jebali, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Ramzi El Heni, conseiller auprès du ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Mohamed Ali Azaiez, conseiller auprès du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et Adel Ben Amor, conseiller auprès du ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique.
Besma Jebali a salué cette initiative citoyenne qui fait participer un bon nombre de jeunes qui pensent au futur des villes tunisiennes, soulignant l’importance des nouvelles technologies pour le développement durable et l’optimisation des conditions de vie du citoyen. Pour créer la ville de demain, la secrétaire d’Etat a insisté sur la nécessité de faire participer toutes les parties concernées par ce projet innovant des secteurs public et privé, promouvoir les projets PPP et les startups et tirer profit des projets développés dans le cadre de l’université.
« Développer une ville intelligente qui exploite les informations provenant de différentes sources pour être plus efficace permet de lutter contre la corruption et promouvoir la transparence et l’efficacité », affirme-t-elle.
Pour sa part, Adel Ben Amor a salué, lors de son intervention, les efforts déployés par la SPLT pour la concrétisation de vrais projets smarts sur de véritables périmètres smarts, réitérant l’appui du ministère des Technologies de la Communication et de l’Economie numérique à toutes les initiatives citoyennes et associatives qui vont dans le sens d’une approche numérique.
Ramzi El Heni a affirmé, quant à lui, que l’infrastructure et le superstructure constituent les piliers fondamentaux de la ville intelligente et durable : « Les objets connectés sont importants pour bâtir des villes intelligentes et innovantes mais ils ne peuvent pas fonctionner tous seuls. Il est important de commencer par définir de nouveaux plans de développement urbain pour pouvoir bâtir des villes intelligentes capables d’utiliser les services intelligents numériques ».
Pour sa part, Mohamed Ali Azaiez a souligné l’importance du concept Smart pour l’amélioration de la qualité de vie du citoyen et le développement durable du pays. « Qui dit smart city, dit confort de vie, dit développement, dit aussi emploi, … selon les études réalisées au sein de notre département, l’évolution de la technologie contribue à la création d’emploi, et ce contrairement à ce que certains prétendent », explique-t-il.
Le conseiller auprès du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale n’a pas manqué de confirmer l’appui de son département à tous les projets « Smarts » et son engagement à accompagner tous les efforts déployés dans ce sens. « Il est important de savoir que la Tunisie occupe la première place à l’échelle africaine dans la réalisation des objectifs de développement durable. Nous nous sommes parvenus à réaliser 11 parmi 17 objectifs de développement durable (ODD), soit un taux de 66% », précise M. Azaiez.
La première agence de gestion de services urbains pour début 2020
Abdelkrim Bousemma, directeur général au ministère des Affaires locales et de l’Environnement, a évoqué, lors de son intervention, les agences intercommunales des services urbains, le véhicule créé par le ministère des Affaires locales et de l’Environnement pour la gestion des projets municipaux y compris les projets smarts, et ce dans le cadre du système de gouvernance locale.
« La première agence de gestion de services urbains devra être créée d’ici début 2020 par les communes concernées par le périmètre d’intervention de la SPLT en l’occurrence Le Kram, La Goulette et Tunis. Elle sera chargée de la gestion de la partie smart d’un projet pilote qui commence à Tunis, plus précisément aux Berges du Lac, pour s’étendre plus tard sur les régions de la Goulette et le Kram », précise M. Bousemma.
Penser l’agriculture du futur, un défi majeur
Béja est la première ville sur la liste de la deuxième tournée de la caravane nationale Tunisian Smart Cities qui s’y est arrivée dans l’après-midi du jeudi 27 juin 2019 pour présenter aux représentants des autorités locales et de la société civile une vision future de Béja en tant que ville intelligente.
Dans son discours d’ouverture, le maire de Béja a affirmé son appui au programme Tunisian Smart Cities qui vise à évaluer les villes, élaborer un profil pour chacune d’entre elles, mettre en place des stratégies en matière de planification et de priorités urbaines pour pouvoir identifier les projets réalisables et les options de financement. Le maire a appelé également les composantes de la société civile et de toutes les parties prenantes à Béja à s’impliquer d’une manière constructive et continue, chacun en ce qui le concerne, pour construire la ville de demain.
Une vision future de Béja la ville intelligente développée par une équipe de jeunes architectes et étudiants en architecture, qui accompagne la caravane Tunisian smart cities dans sa deuxième tournée, prévoit l’aménagement d’une gare multimodale à l’entrée de la ville qui devrait avant tout développer et garantir la qualité du service de déplacement des voyageurs à différentes échelles et l’aménagement d’une voie verte sur l’ancienne voie ferrée qui devrait surtout ravir les amoureux de déplacements doux, convivialité et environnement.
« Le développement des services publics est un volet important de la ville de demain. Les nouvelles technologies sont et resteront les outils indispensables pour cette transformation », explique Abir Ben Fradj, jeune architecte et membre de l’association Tunisian Smart Cities.
Othman Khaled, expert en architecture et membre de l’association, a ajouté que le projet Béja 2050 devrait toucher, notamment, les secteurs de l’agriculture, l’industrie et les services.
« Avec ses 24 mille hectares de périmètres irrigués, Béja est l’une des régions les plus verdoyantes du pays. Penser l’agriculture du futur est un défi enthousiasmant. Il est temps de penser smart et de tirer profit des moyens techniques et numériques pour trouver des solutions à la pénurie d’eau et faire des économies en eau et réduire l’usage de pesticides dans l’optique d’améliorer la productivité agricole sans nuire à l’environnement « , explique-t-il.
Un représentant de la société civile a fait savoir que les terres agricoles à Béja sont parmi les plus fertiles au monde, soulignant la nécessité d’exploiter cette richesse pour rebondir. « Il est désormais nécessaire de transformer le système agricole et alimentaire actuel afin de parvenir à un développement durable », ajoute-t-il.
Siliana prête pour se lancer dans le projet Smart City
Pour la deuxième journée, vendredi 28 juin 2019, la caravane Tunisian Smart City s’est installée à Siliana. Une réunion tenue au complexe culturel a rassemblé des représentants des autorités régionales et locales à leur tête le gouverneur, le délégué et le maire de Siliana, en plus des représentants de institutions civiles, économiques et scientifiques locales. Ses buts majeurs sont de développer les premiers éléments de la marque Siliana Smart City, embarquer l’écosystème économique, civile et institutionnel local autour du projet Siliana Smart City et identifier les porteurs du projet coté société civile.
Une vision de Siliana en tant que ville intelligente et durable, développée par l’équipe d’étudiants en architecture qui accompagne la caravane, a été présentée par la même occasion. Selon la même équipe, le projet de Siliana la ville de demain devrait toucher trois secteurs à savoir l’agriculture, l’industrie et les services publics.
« Le message que nous voulons véhiculer à travers ce travail est le concept de »la municipalité productrice » qui doit être capable de maîtriser l’évolution de son territoire. Pour ce faire, toute municipalité doit développer un master plan programmatique à l’horizon 2050 « , explique Borhene Dhaouadi, président de l’Association Tunisian Smart Cities.
Le gouverneur de Siliana, Abderrazak Dekhil, a félicité l’initiative de l’Association Tunisian Smart Cities, soulignant son engagement à appuyer les efforts déployés pour mener à bien ce projet innovant qui contribuera à changer l’avenir de la ville.
« Siliana qui se trouve au carrefour de sept gouvernorats jouit d’un fort potentiel de croissance. L’agriculture et l’industrie sont les piliers majeurs de l’économie régionale. Siliana dispose de 7 zones industrielles. Le tourisme écologique est une source de forte valeur ajoutée. Nous disposons d’importants sites touristiques à Makthar, Kesra, Bargo et Siliana « , a fait savoir M. Dekhil.
En s’appuyant sur les propos des intervenants, le projet Siliana Smart City devra toucher de nombreux secteurs y compris les transports, les services publics, l’environnement, l’agriculture, la sécurité, le sport et le tourisme. La création d’espaces publics et de loisirs introduisant des composantes « smarts » sont parmi les projets proposés par les Scouts tunisiens. Cette organisation de jeunesse estime également pouvoir valoriser le site près du barrage El Khames à travers la création d’un centre de camping à proximité du parc national de Djebel El Serj. L’agriculture smart et l’éclairage smart sont également parmi les éléments indispensables de Siliana la ville intelligente. La sécurité est aussi une composante importante de la Smart City.
Les représentants de DraxlMaier Group, une entreprise spécialisée dans le câblage automobile installée dans la région, affirment, pour leur part, leur disposition à accompagner et soutenir les projets qui devront être développés dans le cadre de la ville intelligente.
Kasserine et Sidi Bouzid veulent s’inspirer de l’expérience Bizerte Smart City
Après Siliana, la caravane nationale Tunisian Smart Cities s’est rendue à Kasserine où la création d’une zone franche, le réaménagement des chemins de fer pour relier la Tunisie à l’Algérie et la valorisation des sites historiques (étant elle détient le 1/3 des sites historiques du pays) figurent en tête de liste des projets prioritaires de Kasserine la ville intelligente.
Hayet Hlimi, adjoint au maire de Kasserine Ennour, a salué les efforts déployés par les organisateurs de la caravane pour sensibiliser les municipalités sur l’importance du concept Smart City. » Nous avons apprécié l’expérience de Bizerte Smart City et nous comptons s’en inspirer pour mettre en place les premiers éléments de Kasserine la ville intelligente et durable et les projets prioritaires restent sans aucun doute l’éclairage intelligent et la collecte des déchets », indique Mme. Hlimi. Et d’ajouter « Il est temps de prendre les choses au coeur et de montrer la volonté de promouvoir l’image de marque de Kasserine et d’exploiter d’une manière intelligente les ressources humaines et le patrimoine matériel et immatériel que dispose la région dans l’optique d’améliorer la qualité de vie du citoyen à Kasserine ».
« Nous disposons de tous les atouts nécessaires pour améliorer les indicateurs économiques de la région. Ce qui nous manque vraiment, c’est d’avoir une vision stratégique bien déterminée », conclut-elle.
Sidi Bouzid est la quatrième ville sur la liste de la caravane nationale Tunisian Smart Cities. Les représentants des autorités locales et les différentes composantes de la société civile, conscients de l’importance de la smart city et son rôle majeur dans le développement des écosystèmes économique, social et politique, ont affiché leur volonté de s’inspirer des expériences en cours à Bizerte pour bâtir une ville intelligente capable de faire face aux différents enjeux climatiques et sociétaux. « Sidi Bouzid zéro carbone 2050 » est l’un des volets de Sidi Bouzid la ville intelligente évoqués lors de la rencontre qui a eu lieu le 29 juin 2019 à l’ISET Sidi Bouzid.