
L’Observatoire National de la Migration (ONM) vient de dévoiler les résultats de sa dernière étude intitulée « La mobilisation des compétences tunisiennes dans le développement de la Tunisie et la réinsertion des Tunisiens de retour ».
Financée par l’Union européenne, cette étude a été réalisée dans le cadre de l’exploitation des résultats de l’enquête Tunisia-Hims (2020-2021), qui dresse un état des lieux des compétences tunisiennes à l’étranger et de leur retour, avec un focus particulier sur les secteurs de la santé et des technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle met en évidence leur contribution au transfert de savoir-faire et à la réinsertion économique, considérée comme un levier essentiel pour le développement du pays.
La communauté tunisienne à l’étranger atteint 1,4 million de personnes, selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’Étranger. Entre 2017 et 2021, les transferts de fonds envoyés par ces expatriés ont connu une hausse significative de 29,4 %, atteignant 8 618 millions de dinars en 2021, contre 5 035 millions en 2018.
Concernant l’exode des compétences, l’étude révèle que 39 000 ingénieurs et 3 300 médecins ont quitté la Tunisie entre 2015 et 2020. En parallèle, environ 211 000 Tunisiens sont revenus au pays, dont 47 % de femmes, majoritairement pour des raisons familiales, contre 28 % d’hommes ayant fait ce choix pour les mêmes motifs.
En matière d’investissement, la diaspora de retour privilégie l’agriculture (30,61 %), la construction (29 %) et le commerce (22,7 %). En revanche, les Tunisiens toujours établis à l’étranger investissent principalement dans la construction (44,61 %), l’immobilier (30 %) et l’agriculture (15 %). Par ailleurs, l’étude met en lumière le rôle des migrants engagés dans la coopération technique, qui comptaient 22 846 personnes en 2022.
Dans cette analyse, l’ONM met en lumière l’importance de renforcer la collaboration entre le gouvernement tunisien et les institutions financières afin de faciliter le retour et l’investissement des Tunisiens établis à l’étranger. Ce rapport appelle à une simplification des démarches administratives et bancaires pour encourager ces migrants à participer au développement économique de la Tunisie.
Parmi ses principales recommandations figure la mise en place de programmes de transfert spécialement dédiés aux Tunisiens de retour souhaitant investir en Tunisie. L’objectif est de fluidifier les processus liés à l’ouverture de comptes bancaires ou postaux et de réduire les formalités administratives.
L’étude souligne également le coût élevé des transferts financiers vers la Tunisie par rapport à la moyenne mondiale, et plaide pour une diminution de ces frais afin d’inciter davantage d’investissements.
Le rapport insiste sur la nécessité de développer des services financiers efficaces destinés à la diaspora tunisienne, particulièrement dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’entrepreneuriat.